La Saint-Grat

L'histoire religieuse de la Vallée d'Aoste doit beaucoup à saint Grat – aujourd'hui patron du diocèse d'Aoste – qui, selon la tradition, était doté de pouvoirs de thaumaturge exceptionnels.

Les origines du saint sont très controversées. Les nouvelles les plus sûres – et rares – que l'on retrouve dans les documents historiques attestent qu'il représenta l'évêque d'Aoste, Eustase, au synode de Milan de 451 et qu'il signa la lettre qu'Eusèbe envoya à saint Léon Magne où il condamnait l'hérésie d'Eutique.

Selon la Passio Acaunensium Martyrum, enfin, saint Grat pris part, à Agaune en 470, en tant qu'évêque, à la translation des reliques du bienheureux Innocent, martyr de la Légion de Thèbes.

Après sa mort – postérieure à 470 –, il fut enseveli dans l'ancienne église paléochrétienne sise à proximité de l'actuelle église Saint-Ours, à Aoste.

Sur sa pierre tombale figure cette dédicace: Hic requiescit in pace S C M Gratus Eps Dp. Sud VII id. septembris(1) (= “Ici repose en paix Grat, évêque dont la mémoire est sainte, trépassé le 7 septembre”); Saint Joconde, son disciple et successeur, comptait déjà parmi les évêques qui participèrent au synode romain réuni en 501.

Aux nouvelles sûres sur la vie du saint s'ajoutent les informations tirées de la légende Magna Legenda Sancti Grati écrite par le chanoine Jacques des Cours (qui vécut au XIIIe siècle), suivant laquelle le saint ramena d'un puits dans la ville de Sébaste le crâne de saint Jean Baptiste que le roi Hérode avait fait décapiter. L'évêque Grat fut pour cela honoré par le pape, qui lui fit cadeau de la mâchoire du prédicateur, aujourd'hui conservée dans le trésor de la Cathédrale d'Aoste.


L'origine de la dévotion populaire valdôtaine pour ce saint se perd dans la nuit des temps. De nos jours, une partie importante des festivités qui accompagnaient sa fête s'est malheureusement perdue. Des célébrations qui caractérisaient les fêtes de Saint-Grat il ne reste aujourd'hui que la procession religieuse qui s'ébranle le long des rues de la ville et lors de laquelle on transporte la châsse contenant les reliques du saint. Dans le passé, à la veille de cette solemnité, une foire avait également lieu qui était réputée plus importante que l'actuelle Foire de Saint-Ours. Selon une cronique locale pour beaucoup de jeunes qui voulaient se fiancer, la Foire de Saint-Grat était l'occasion pour se faire promettre un voyage à Aoste, et cette équipée comptait pour la vie. (2)

L'origine des fêtes de Saint-Grat remonte loin dans le temps. Les premiers témoignages datent du XIIIe siècle: la fête est signalée dans un missel de 1263(3); déjà le chanoine Duc indiquait que nul ne pouvait dire si la date du 7 septembre était déjà commémorée en tant que fête patronale du diocèse(4).

Autrefois, le patron de la Vallée d’Aoste était saint Martin de Tours, mais les différents statuts diocésains ne précisaient point quel était le saint protecteur, comme par exemple l'indique un document de 1307(5). Un siècle plus tard, Mgr Pierre de Sonnaz préconisa, par décret, la célébration du 7 septembre chaque année dans toutes les églises valdôtaines par les mérites du B. Grat confesseur, Patron de notre église cathédrale, dont le Corps y a été canoniquement relevé, les orages de la foudre, d'après l'opinion commune, sont repoussés du territoire de tout notre Diocèse.(6)

Cette ordonnance n'est pourtant pas à considérer comme l'institution officielle de la fête, mais bien plutôt comme la confirmation de ce qu'on célébrait depuis longtemps et que le prélat entendait faire respecter solennellement(7).

Après la Sainte Messe, l'évêque accordait une indulgence plénière à tous les fidèles présents. L'évêque Nicolas Bersatori nous en fournit un premier témoignage: en 1284 il donna l'indulgence à tous ceux qui se confiaient aux mérites de la B. Vierge Marie et des B. Grat et Joconde, nos Patrons.(8)

A l'occasion de la fête, une bulle du pape Pie IV, datée du 20 juin 1462, accordait l'indulgence plénière à la cathédrale d'Aoste depuis la veille (premiers vêpres) jusqu'au soir du lendemain. Au XVIe siècle, l'évêque Bobba (1557-1568) obtint l'indulgence plénière sous forme de Jubilé aussi pour la Saint-Grat(9).


La fête reçut également la protection des souverains. Le 23 août 1535, Charles III, voulant prévenir tout acte de violence, interdit d'entrer à Aoste armés ou d'y introduire des armes sans l'autorisation préalable du bailli: Inhibemus ne ad dictam civitatem in armis accedere et nemo in ea arma deferre ipsa die festi Sancti Grati habeant audeant vel paesumant sine vestra baylivi licentia.(10)

La grande participation des autorités ecclésiastiques et civiles, ainsi que des étrangers provenant des régions voisines, attira également l'attention de voleurs et d’autres délinquants.

Les chroniques les plus anciennes relatent d'épisodes désagréables voire des homicides. Une chronique non datée (mais que l’historien Tibaldi situe entre deux chroniques de la moitié du XVIIe siècle) prétend que le 7 septembre un étranger venu en ville pour participer à la fête veniva barbaramente trucidato da una banda di manigoldi che compievano l'azione nefanda quasi col consentimento della popolazione, che non coadiuvò la giustizia nella ricerca ed arresto dei rei.(11) Pour cette raison, Tibaldi affirme que ogni anno nella stessa ricorrenza succedono sempre grassazioni con ferimenti e morte delle vittime, cosicché l'accorrenza tradizionale dei forestieri alla festa patronale è quasi cessata.(12)

Les festivités attirèrent chaque année les plus hautes autorités civiles et religieuses de l'Etat. En 1581, le duc Charles-Emmanuel, venu à Aoste le 3 septembre, assista entre autres à la procession. Le jeudy septiesme septembre, jour de la feste de sainct Grat, Sa dicte Altesse fust a la procession et sa court, pourtant Sa dicte Altesse au pres la caisse de Saint Grat une tourche blanche allumée et plusieurs aultres de sa dicte court.(13)

Selon un mémoire du XVIIe siècle ce n’étaient pas seulement les valdôtains qui accouraient à Aoste des paroisses les plus éloignées, c’étaient encore des pèlerins de la Suisse, du Piémont et de la Savoie qui s’empressaient de venir rendre leurs hommages à l’illustre thaumaturge. La Cathédrale était si richement ornée qu’elle “était changée en un paradis”. A la procession qui précédait la grand’messe et parcourait la Cité, prenaient part non seulement les deux chapitres, mais tous les religieux résidants à Aoste, toutes les confréries, les syndics de la ville et du bourg, avec des flambeaux d’une grandeur démesurée et enfin une foule immense.

La sainte châsse était immédiatement précédée d’une troupe “de jeunes gens en armes, puis de la bande des violons, des tembours et des différents instruments de musique,” dont les concerts s’unissaient aux carillons des cloches, aux chants les plus solennels et aux mousqueteries qui retentissaient durant tout le parcours.

“La sainte châsse était portée par quatre bénéficiers, assistés au côtés d’icelle par deux anciens chanoines, revêtus de chapes étincelantes; deux autres chanoines pareillement revêtus portaient le saint chef. Enfin venait l’évêque en ornements pontificaux avec ses assistants suivi par une garde de jeunes gens et par la foule.”(14)

Au retour de la procession, l’évêque conviait à banquet, dans la grande salle du palais épiscopal, les deux chapitres et les autorités civiles; en même temps dans le verger, on faisait d’abondantes distributions de viande, de “céras” et de vin aux pauvres.(15)

Aujourd'hui comme à l'époque, la châsse réliquaire du saint est portée en procession par six gardes de Fontainemore; il s'agit là d'un ancien privilège qui tire son origine dans un événement du XIVe siècle. Des maçons de Fontainemore ramenèrent depuis la Savoie jusqu'à Aoste les reliques de saint Grat, en passant par le Valgrisenche. Dès lors, il leur revient l'honneur d'amener en procession chaque année la châsse reliquaire du saint.


Pendant cette fête patronale on jouait également un drame sacré écrit par le père Jean-Nicolas Desfeys (1627-1712), professeur de rhétorique et préfet des études. En 1655 Le drame sacré fut représenté publiquement en la cour du Collège Saint-Béning, le jour de la Nativité de Notre-Dame, le lendemain de la propre feste de Saint Grat, à l’occasion de quoy tout le monde estait saintement curieux de voir représenter la vie d’un Saint qui n’estait guère cogneu que de nom.(16)

En 1660 une autre tragédie, Les illustres triomphes de la foy - composée par le père lorrain Nicolas Claude né à Toul - fut représentée en deux jours, savoir le 8 de septembre lendemain de Saint Grat et jour de la glorieuse Nativité de Notre-Dame, et le 9 mesme mois. Elle estoit composée d’environ cinq mille et cinq cents vers, moitié latin, moitié françois avec les distiques de mesme sur le sujet de la paix et de la guerre, et cela en faveur de l’année 1660 dans laquelle la paix avoit esté conclue (c’était le Traité des Pyrénées conclu le 7 novembre 1659 qui mettait fin aux hostilités entre la France et l’Espagne, nda). Le sujet avoit esté imprimé a Thurin et dédié a Mgr Bailly nostre Evesque, avec ses armes au dessus, avec une Epistre liminaire. Les thèses furent distribuées par tout le pays. Cette piece se representa sans aucune confusion, avec l’aplaudissement universel d’un nombre sans nombre de peuple. Mgr l’Evesque, a qui elle avoit esté dédiée, et a qui on avoit offert une thèse de latin, en fut fort satisfoit.(17)

V

oilà comment, plus recemment, les journaux valdôtains du XIX siècle s’occupaient-ils de cette grande fête religieuse. D’après la Feuille d’Annonces d’Aoste du 30 août 1841, la fête de saint Grat sera célébrée le 7 septembre, avec toute la solennité possible, soit à l’Eglise, par la pompe religieuse et les symphonies de musique, soit à la Place Charles-Albert et au champ-de-Mars, par le mat-de-Cocagne, les feux de joie, d’artifice, et les concerts exécutés par la Société phylarmonique. 

La fête était donc bien organisée et accompagnée d’activités pour entretenir ses participants. En effet, deux années après cet article, la Feuille d’Annonces d’Aoste du 30 août annonçait que Dans sa Délibération en date du 26 du courant, le Conseil Municipal de la Cité d’Aoste a adopté le Programme suivant pour la célébration des Fêtes de Saint Grat. Le matin, 7, jour de Saint Grat, à la Grand’Messe célébrée par Monseigneur l’Evêque, avec accompagnement de musique, assisteront les Membres du Conseil Municipal, accompagnés par les Sapeurs-Pompiers de cette Ville pour la première fois en grande tenue d’uniforme; lesquels suivront aussi la procession dans leur ordre respectif.

Après les vêpres, auront lieu sur la place Charles-Albert le jeu du mât de Cocagne avec des prix, des concerts de musique et un Bal public. Le soir, la Société Phylarmonique reviendra sur la même Place jouer de nombreuses symphonies. Pour le lendemain, 8, jour de Notre-Dame, au soir, est réservée la clôture de ces deux fêtes tout religieuses et bruyantes d’une allégresse qui ne fait jamais craindre pour l’ordre public. Sur la vaste Place Charles-Albert, entourée du bel Hôtel-de-Ville et de Palais à balcons remplis de tout ce que notre Cité renferme de plus brillant et de plus luxueux, de Distinctions et de grâces, on fera des feux d’artifice, et les infatigables Amateurs du Corps de Musique prêteront encore à ce beau spectacle du soir, tout le charme de leurs harmonieuses exécutions. Les Pompiers, soit en corps, soit en détachement, assisteront à tous les divertissements mentionnés.


L'importance grandissante de cette foire et le nombre d'activités qui s'y déroulaient(18)- comme le grand marché qui avait lieu la veille (6 septembre) aux alentours de l’église cathédrale(19) - attirait dans notre ville un grande affluence d’étrangers(20), au point que, vers 1847, le Roi accorda à la ville d’Aoste l’autorisation d’organiser le commerce du bétail aussi pendant la foire de Saint-Grat, qui avait lieu le 5 et le 6 septembre.(21)

A ces fêtes participaient même les plus hautes autorités religieuses qui provenaient du monde entier. En 1863 la grande fête du diocèse fut solennisée avec son ancienne pompe. A l’église cathédrale Monseigneur Balma, évêque de Ptolémaïde in “partibus” officiera pontificalement à la messe et aux vêpres ainsi qu’à la bénédiction. Il y aura musique à l’aube du jour, et les rues seront pavoisées de verdure. Le soir illumination de l’hôtel-de-ville, feu de joie et feux d’artifices, etc. (d’après L’Indépendant du 4 septembre 1863); La fête de S. Grat a été célébrée cette année-ci de manière à rappeler les anciens bon usages du pays. La société directrice qui s’était chargée d’organiser la fête en dehors de l’église, a bien rempli son programme: musique à l’aube du matin et à la procession, illumination de l’hôtel de ville, feux d’artifice et de joie, ballon, tout bien réussi; la vogue était immense et tout le monde s’est retiré content. La solennité religieuse était réhaussée par la présence de Mgr. Balma qui a pontifié à tous les offices du matin et du soir. Le R. P. Laurent provincial des capucins de France, prononça le discours, la cathedrale était pleine au comble. (d’après L’Indépendant du 18 septembre 1863)


La renommée des fêtes de Saint-Grat suscita également l'intérêt de quelques élus de la Valdigne, qui autorisèrent une foire de Saint-Grat dans leur commune. Cette manifestation n’échappa pas à la curiosité d’un journaliste qui protesta sur L’Indépendant du 24 août 1865:

Foire de S. Grat.

Tout le monde sait que la foire de S. Grat se fait, de coutume très-ancienne, à Aoste, les deux jours qui précédent immédiatement cette fête, et il n’est pas besoin de dire pourquoi ces deux circonstances, de la fête et de la foire, n’ont jamais, jusqu’ici coincïdé au même jour. Il suffit de connaïtre le bon sens et la religion du peuple valdôtain pour en savoir la raison; Cette règle n’est pourtant pas sans exception. Dans une commune du mandement de Valdigne, l’autorité locale demanda, il y a quelques années, l’autorisation d’y établir une foire et d’en assigner le jour 7 du mois de septembre, précisément le jour de la solennité de S. Grat, fête patronale et fête de précepte dans tout le diocèse d’Aoste. Quelles raisons d’extrême nécessité ont pu entraver l’administration de cette commune au point de ne pouvoir trouver autre jour dans l’année pour placer une foire, que celui d’une fête solennelle? Mais quelles que soient ces raison ou ces prétextes, nous croyons que cet état de choses ne peut continuer sans froisser gravement le bon ordre et le sentiment religieux d’un pays catholique. C’est pourquoi nous croyons être les vrais interprètes de l’opinion publique en signalant cet abus, car, nous ne doutons pas que cette même autorité, en accordant l’autorisation de cette foire, n’aura pas remarqué sans doute, que le jour demandé et assigné, se rencontre toujours par un jour de fête. En effet, on nous assure, si nous sommes bien informés, que le décret même d’autorisation, doit porter la condition formelle, savoir, que le jour assigné ne se rencontre pas par un jour de fête; dans ce cas la foire aura lieu la veille ou le lendemain.

S’il en est ainsi, la foire de S. Grat, qui se fait depuis quelques années dans la commune de L.-T., le jour même de la fête de S. Grat, serait tout simplement un abus d’administration locale, et qu’il suffit d’avoir signalé, pour le voir désormais disparaitre.


Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, du fait d'une crise profonde entre l'Etat et l'Eglise, cette fête traversa des moments difficiles. Les guerres que l'Etat avait engagées, dans le but de compléter son unité territoriale, avaient signifié la fin de l'Etat de l'Eglise, démembré définitivement suite à l'invasion du Latium et de la ville de Rome (20 septembre 1870). Cette expansion et une grave crise politique – le pape en 1868 avait invité tous les catholiques à ne pas participer aux élections politiques – avaient entraînés des contrastes entre le Royaume d'Italie et la Curie romaine qui, par l'encyclique Quanta cura (décembre 1864) et le Syllabus (publiés par Pie IX en décembre 1864) se posait en contraste avec l'Etat moderne laïc et libéral.


Voici comment un article - tiré de L'Indépendant du 7 septembre 1865 - soulignait cet état de crise :

La fête patronale de notre diocèse ramène chaque année une solennité chère à tous les coeurs valdôtains. C’est là un de ces jours où ils trouvent, suivant l’expression de Chateaubriant, avec un doux plaisir, en remontant dans le passé, que leurs ayeux se sont réjouis à la même époque que leurs enfants. Oui, c’est toujours avec joie que notre pays se prépare à solenniser la mémoire du saint protecteur de ses campagnes, c’est avec bonheur qu’il salue l’aurore de sa fête, avec amour, qu’il la célèbre depuis le village le plus inconnu jusqu’au sein de notre antique cité. L’indifférence du siècle, les calomnies de l’impiété, les attaques de l’ignorance ont malheuresement trop réussi à refroidir les élans naifs de la foi populaire de nos compatriotes; cependant S. Grat est resté debout sur le piédestal sacré qu’on élevé à sa gloire la tradition du passé et la confiance du présent. Voyez, aux jours où le ciel, devenu d’airain, refuse de verser, sur les champs desséchés, une pluie bienfaisante, comme nos populations bravent la fatigueet les difficultés d’une longue et pénible route, pour aller se prosterner devant les reliques vénérées du bienheureux dans notre cathédrale, ou au pied de son auytel dans la chapelle de l’Ermitage! Mais voyez aussi comme cette foi et cette confiance sont ordinairement récompensées.... Jamais le saint ne ferme l’oreille aux prières de son peuple; et si la rosée céleste ne refraichit pas les pélerins durant la marche pieuse, elle ne se fait pas longtemps attendre après leur retour au clocher de la paroisse. Nous pourrions ici rappeler des faits qui ont excité la surprise et quelquefois même une secrète indignation dans les coeurs incrédules. Mais qu’est-il besoin de citations quand un peuple tout entier, dans le siècle des lumières, comme au moyen-âge, continue à suivre les pratiques d’une dévotion aussi autorisée que salutaire! Quel dommage seulement que cette piété ne soit pas partagée par tous ceux qui participent aux bienfaits qu’elle procure! Tandis qu’en France même, ce pays qui semble donner le ton à l’Europe et surtout à l’Italie, les hommes les plus haut placés dans la société, les dignitaires dans l’ordre civil et militaire, se font une gloire de prendre part aux pompes de la religion dans ses plus grandes solennités, nos fêtes religieuses semblent de plus en plus n’intéresser que la foule vulguaire. Ces jours pourtant, et celui en particulier, qui est consacré à la vénération d’un saint que l’histoire nationale place au premier rang parmi les gloires de cette vallée, devraient faire battre tous les coeurs à l’unisson.

Parce que certains journaux se sont moqués des institutions les plus vénérables, parce que l’impiété a cru trouver des raisons dans ses désirs dépravés, pour attaquer les plus nobles figures, faudra-t-il qu’on laisse à la multitude des joies, des espérances, des consultations, des fêtes en un mot destinées à répandre le repos et le bonheur dans la chaumière et le palais, dans celui du citoyen des grandes villes?

Car se n’est pas faire une véritable fête que de se borner à jouir des spectacles extérieur, de savourer les concerts, de s’amuser, de s’asseoir à une table somptueuse; tout cela peut être agréable, tout cela peut être même bon, moral, mais ce sera à la condition d’animer ces dehors par une participation publique aux cérémonies du culte religieux. A ce prix seulement nos fêtes patronales, ont un sens, elles ont une raison d’être, et elles exercent une influence salutaire sur les peuples.

Croirait-on dès lors se dégrader en mélant ses démonstrations à celles de la classe des artisans et des laboureurs? Croirait-on se montrer petit esprit, un esprit, un esprit faible, supersticieux?

Mais nos pères, mais ces hommes d’étude, de travail, qui ont défendu nos frontières et nos libertés avec tant de bravoure sur les champs de bataille; qui ont servi l’Etat dans les postes les plus élevés, dans les cours étrangères et dans les négociations les plus critiques, étaient-ils si arriérés, si ignorants, si incapables? Et pourtant voyez-les, dans les beaux jours de fête, aux solennité surtout patriotique de leur vallée chérie; comme ils étaient heureux et fiers de se montrer les premiers dans les fonctions publiques, aussi bien et mieux encore que dans les exercices de leurs charges civiles et militaires! O Valdôtains! en voulant courber votre front devant la vieillerie des hommes sans foi, vous perdez plus que vous ne pensez de votre indépendance et de votre antique noblesse. Imitez plutôt vos ancètres; osez manifester vos convictions religieuses; ce courage, si rare dans notre siècle, peut prévenir bien des maux qui menacent votre avenir; ce courage vous attirera, soyez-en surs, plus de respect que vous en attireraient toutes vos complaisances envers le despotisme de l’irreligion et de l’immoralité.


En tout état de cause, c'est en 1870, qu’en dépit de l'occupation de Rome et des dures protestations du pape - qui se considérait comme prisonnier au Vatican - la fête de Saint-Grat reprit de la vigueur. Selon l'historien P.-E. Duc, la manifestation fut rehaussée(22) par laprésence de Mgr. Gros, évêque de Tarentaise.

Voici le programme musical dressé pour l'occasion et publié sur la Feuille d’Aoste du 31 août 1870: Concert. - Mercredi prochain, à 4 heures et demie de relevée, à l’occasion de la fête patronale de S. Grat, le corps philarmonique d’Aoste exécutera sur la place Charles-Albert, les pièces suivantes:

1° Marcia F.L.

2° Mazurka “l’Affabile” Rossari,

3° Polka “Césarine” Ricordi,

4° Valtzer Labitski,

5° Marcia Marini.


Au cours des années 80 cette fête connut un succès certain et une grande importance. En 1881 et en 1890, lorsque le culte des évêques valdôtains Eméric de Quart et Boniface de Valpergue(23), cette fête devint une véritable fête patronale susceptible de faire frémir le coeur des habitants d'Aoste mais également de toute la population de notre Petite Patrie. En 1881 participèrent à la procession l'évêque d'Ivrée Riccardi et l'abbé de Saint-Maurice, Bagnoud, évêque titulaire de Béthlem et le prévôt du Grand-Saint-Bernard, Deléglise. En 1890, en revanche, furent présents Mgr. Bertagna, évêque d'Ivrée et le cardinal Alimonda, coadjuteur de l'archévêque de Turin, ainsi que le prévôt du Grand-Saint-Bernard, Bourgeois, e Broquet, vicaire général de Genève qui représenta le cardinal Mermillod.(24) Voici comment un article paru sur l'hebdomadaire Feuille d’Aoste le 14 septembre 1881 - rapporta cet événement:


Les fêtes du B. Emeric!

Suivant la promesse que nous avons faite dans le dernier n°, nous donnons aujourd’hui à nos lecteurs une rapide description de ces fêtes. Nous avons le regret que cette description par sa brièveté et par sa pâleur, ne corresponde nullement à la solennité et à l’éclat de ces réjouissances. Le 5 septembre après midi on voyait déjà toute la ville décorée de verdure. Un magnifique arc, avec une belle inscription et les insignes de l’épiscopat, fermait au levant la rue S.Anselme. De ce point jusqu’à la place Charles-Albert, de dix en dix mètres, c’étaient de gracieuses guirlandes de buis, qui croisées deux à deux et suspendues, au milieu, par une corde à la hauteur des toits, balançaient sur la rue leurs contours harmonieux. Sur la place nouveau spectacle. Une rangée de plantes la longeait dans sa partie méridionale, et donnait l’aspect d’une rue improvisée qui reliait la rue Prétorienne à la rue Emmanuel-Philibert. Ces plantes coloriées en azur et surmontées d’une tête de sapin vert, étaient reliées entr’elles par un fil de fer à la hauteur de trois mètres, destiné à supporter de nombreuses lanternes pour l’illumination. De la place Charles-Albert jusqu’à la chappelle de Ste-Croix, de croix-de ville jusqu’au faubourg St-Etienne, et lelong de la rue du Roi-Gontrand nouvelle profusion de guirlandes de buis entrelacées. Trois gracieux ares de verdure, ornés de couronnes et d’inscriptions, s’élevaient majestueusement près de la chapelle de Ste-Croix, à l’entrée du faubourg St-Etienne et au débouché de la rue du Roi-Gontrand sur la place de la Cathédrale. Mais c’est ici que l’oeil ne pouvait se lasser d’admirer et l’ordre gracieux, et la multiplicité des ornementations. Devant la façade de la Cathédrale un grand nombre de guirlandes formaient, par leurs entrelacements ingénieux, un riant et pittoresque dais de verdure. Devant la porte de la Prévoté nouvelle profusion de guirlandes encadrant une inscription en l’honneur des pontifes étrangers. De ce point partaient deux files de plantes de sapin vert, faisant haie à la rue, jusqu’à l’arc de la rue du Roi-Gontrand. Cette file était coupée par un grandiose pavillon de verdure, construit avec un art exquis, devant le portail de l’évèché. Ce pavillon, de forme ogivale, était soutenu par quatre colonnes et surmonté de neuf clochetons aigus. Au centre du faite s’élevait un cône svelte, d’où pendait une couronne dorée, puis une colombe blanche comme l’ivoire. Aux quatre angles internes, à la base des clochetons, étaient suspendues les armoiries des quatre dignitaires de l’Eglise, qui étaient venus ajouter à ces fêtes l’éclat de leur présence. C’étaient les armoiries de Mgnr Gastaldi archevêque de Turin, de Mgnr Riccardi évèque d’Ivrée, de Mgnr Bagnoud évèque de Béthléem in partibus infidelium, et de Mgnr de l’église prévôt du Grand St-Bernard.

Les abords de la cathédrale présentaient en un mot un aspect ravissant, et étaient vraiment le centre d’où s’irradiaient toutes les autres décorations de la ville.

*

Qu’on nous permette encore quelques mots sur la fête purement civile avant de parler de la fête religieuse. L’aube du 6 septembre a été annoncée par de nombreux groupes de peuple, qui trahissaient les costumes de toutes les communes de la vallée. Le soir à 5 h. et demie la vaste chapelle du collège était déjà pleine de l’élite de la société, qui venait entendre les concerts de l’école gratuite de musique sacrée de Turin, dirigée par M. l’av. Scala, le savant et courageux directeur du Corriere di Torino.

Cette école qui a été instituée et forméé par le trop regreté Aimé Scala, frère de M. l’avocat, est composée de l’organiste M.Joseph Taverna, et de vingt-deux chantres, dont 13 jeunes garçons de 10 à 16 ans. Les flots d’harmonie qu’on avait déjà entendus à la messe solennelle de dix heures, avaient porté tout ce peuple à cette représentation. Son attente a été même dépassée. Pendant deux heures le ravissement de la foule n’a pas discontinué. C’étaient des mélodrames charmants et instructifs, alternés par des concerts pleins de douces harmonies, où les voix enfantines des jeunes chantres se mariaient aux accents sonores de basses majestutueuses. M. Taverna tenait l’harmonium, et M. Poisetti accompagnait du violon.

La représentation était à pèine terminée que déjà commençait l’illumination de toute la ville. Nous disons de toute la ville, car jamais on n’a vu une illumination aussi générale. Vue à quelque distance, Aoste paraissait toute en flammes. Parmi les édifices publics illuminés nous nous citerons le clocher du bourg, les deux clochers de la cathédrale, l’hôtel de ville, et surtout le grand séminaire qui avait une illumination artistique et bien réussie.Il serait trop long d’énumérer toutes les maisons qui se sont distinguées dans ce concours; nous nous bornons à en citer une seule qui présentait un aspect vraiment féerique. C’est la maison de M. l’avocat Frassy, devant laquelle brulaient plus de 500 mèches. Pendant deux heures son avenue a été littéralement encombrée d’une foule compacte qui se renouvelait sans cesse, et qui ne pouvait se lasser d’admirer. On entendait nos bons campagnards s’écrier naivement: il semble le paradis. Ce n’était pas seulement la façade qui resplendissait d’éclats magiques, mais le parterre lui-même, avec ses fleurs et ses beautés naturelles, était parsemé de feux multicolores. Aussi le comité des fêtes, déjà à la fin de la soirée, a fait connaître à M. l’av. Frassy par une serenade, qu’il avait remporté le prix de l’illumination.

Le 7 septembre nouveaux coups de canon à l’aube; procession après la messe solennelle, longeant les rues principales de la ville depuis la rue St-Anselme jusqu’à la chapelle de Ste-Croix, et de Croix de ville, par la place du quartier, jusqu’à la cathédrale; puis le soir, vers les cinq heures, divers jeux sur le pré de la foire; et enfin vers les 8 h. et demie, sur la place d’arme, feux d’artifices, feux de Bengale, et plusieurs ballons disparus dans les airs aux applaudissement des assistants. On a calculé que la foule qui encombrait les rues d’Aoste pendant cette journée, pouvait s’élever à plus de vingt mille. Le 8 cette foule avait déjà considérablement diminué. On s’en apercevait dans les rues, mais point à la cathédrale qui était comble comme les deux jours précédents. Dans la soirée de ce jour il y eut une nouvelle représentation mélodramatique dans la chapelle du collège. L’affluence y a été même plus nombreuse que celle du 6. Les artistes ne se sont pas démentis. Aussi les applaudissements bruyants et acharnés de la foule les ont ramenés plusieurs fois sur la scène. Nous sommes certains d’être les interprêtes de tout le peuple qui a assisté à ces fêtes, en remerciant ces habiles artistes, ces sympathiques jeunes-gens, ces fervents catholiques, du puissant concours qu’ils ont daigné prêter pour réhausser l’éclat de nos solennités. Qu’ils agréent tous nos sincères remerciments.

*

Comme nous venons de le dire, ces fêtes ont eu deux parties bien distinctes, la civile et la religieuse. Deux beaux sentiments étaient en jeu, le sentiment religieux et le sentiment patriotique. Quand ces deux sentiments font les coeurs de tout un peuple à l’unisson, que de merveilles il enfante! Ah! combien notre vallée serait plus heureuse si ces deux nobles sentiments, l’attachement à la foi de nos pères et l’amour de notre pays, avaient présidé à toutes nos délibérations. Les peuples unis sont grands, les peuples déchirés à l’entérieur s’étiolent. Nous pouvons dire qu’en cette circonstance toute division de parti a cessé, toute opinion personnelle, s’est tue, libéraux et conservateurs, presque tous n’ont eu qu’un coeur et qu’une âme. Notre cathédrale si vaste a été comble tous les trois jours. Bien de figures insolites y ont fait apparition; et, espérons-le, aux oreilles du Seigneur seront arrivées des voix nouvelles, des voix qu’il n’avait plus entendues depuis longtemps. L’illustrissime et Rme archevèque de Turin, Mgr Gastaldi courbé, hélas! sous le poid des années, plus encore sous celui des soucis et du travail, a pontifié le premier jour des fêtes. Malgré la longueur de la cérémonie et l’heure avancée, il a eu assez de force pour monter en chaire et donner, en langue française, le panégyrique du B. Eméric. Quoi qu’il parlât une langue qui ne lui était pas familière, sa parole grave, forte, bien sentie, a laissé de profondes impressions. Mercredi c’était le tour de Monseigneur Riccardi évêque d’Ivrée. Il a parlé en italien. Quoique cette langue ne fut pas celle des auditeurs, il a néanmoins captivé l’attention de son nombreux auditoire et l’a tenu suspendu à ses lèvres pendant trois bons quart d’heure. Quelle vie, quelle conviction, quelle onction dans cette parole apostolique! Il a montré dans le bien heureux Emeric ce que c’est qu’un Saint. La vénérable Mgr.Bagnoud, évêque de Béthléem, avec ses quatre-vingt ans sur la tête, a bien voulu traverser le Grand-St-Bernard, suivre les pentes abruptes qui y conduisent des deux côtés, pour réhausser par sa présence l’éclat de nos solennités. Pendant qu’il pontifiait le jeudi, M. Armenjon, chanoine de notre cathédrale, déjà connu depuis longtemps dans notre vallée, est monté sur la chaire et a développé dans un langage fleuri, les merveilles de l’Eglise catholique qui seule engendre des Saints au Ciel, qui seule les glorifie sur la terre. Un sourire d’approbation a effleuré toutes les lèvres le moment où il s’est écrié ironiquement S. Luther, S. Caleon, S.Henri VIII, priez pour nous! Nous sommes les vrais interprêtes de tous nos citoyens, nous en sommes sûrs, en remerciant publiquement ces illustres personnages des paroles flatteuses qu’ils ont bien voulu prononcer à l’adresse de notre Vallée, et de tout le bien qui nous ont fait.

Pendant ces trois solennités les chants ont été exécutés par la société de musique sacrée de MM. les frères Scala. Quelles voix ravissantes! quelles mélodies enchanteresses! quels morceax de choix! Nous pouvons le dire sans crainte de nous tromper, l’orchestre a été à la hauteur des solennités, et jamais les voûtes de notre antique cathédrale n’ont retenti aux accords d’une musique aussi céleste.

*

Ce qui nous a frappé nous-mêmes et ce qui a touché profondément, nous le savons, les nobles visiteurs, ç’a été l’attitude calme, recueillie, pieuse de tout cette immense population, non seulement à l’église, sur les places, au passage des Stes-reliques devant les quelles la plupart tombaient à genoux, mais même pendant les jeux et au milieu des amusements. Le sentiment religieux dominait tout; il semblait que ce n’était pas tout-à-fait une fête de ce monde, c’était un prélude des fêtes du ciel. Dire le nombre des personnes qui se sont approchées de la Ste-Table, qui ont visité l’église cathédrale por gagner les indulgences, dire surtout la foule compacte qui s’agenouillait respectueusement devant la chasse du B.Emeric, qui baisait pieusement ses restes mortels, est une chose impossible. On peut dire littéralement que, depuis l’aurore jusqu’à une heure un peu avancée de la nuit, les Stes-reliques étaient assiégées, que c’était un flux et reflux non interrompu de personnes de toute condition, qui se pressaient à leurs pieds.

Nous avons célébré déjà bien des fêtes religieuses et civiles: la messe d’or de Monseigneur Jourdain, la consécration épiscopale de Nosseigneurs Jans et Duc, de nombreuses solennités de St-Grat; plusieurs fêtes civiles ont également passé sous nos yeux; le passage réitéré de nos Souverains, la fête dite du chemin de fer, etc etc mais rien n’a égalé la splendeur, nous dirons, rien n’approche du joyeux entrain de cette solennité. Oui, le sentiment religieux seul est capable d’ébranler ainsi les populations; seul il lui inspire ce sentiment de dévouement et de sacrifice, seul il soulage le coeur et le soulève au-dessus des soucis terrestres, seul il inonde l’âme de douces satisfactions, en faisant luire aux yeux du monde les espérances immortelles. Nos lecteurs connaissent le programme des fêtes, chacun doit avouer qu’il a été rempli fidèlement dans tous ses détails. Une bonne partie du mérite en revient à MM. les membres du comité promoteur, à M. le chanoine Bérard entr’autres, son président. Il a consumé, pour l’exécution du programme, toute son activité, son industrie, son esprit si fécond en ressources. Nous sommes loin d’oublier Mgr. Duc, notre digne Evêque. C’est à sa Grandeur que revient tout le bien qui s’est fait pendant ces fêtes, et tout l’honneur qui en rejaillit sur notre Vallée. Il a payé largement, personne n’en doute, de son travail, de sa plume, de son argent, les doux plaisirs qu’il a procurés à ses diocésains.

La population haussait un grand cocagne dans le Champ-de-Mars au Plot et l’honneur d’allumer la première étincelle appartenait d’ordinaire au général commandant de place au milieu de la municipalité et de l’élite de la population, sans préjudice de quelques concerts de musique.(25)


Il était également coutume ces jours-là de fête de se rendre en pèlerinage à l'ermitage de Saint-Grat, dans les environs de Pila, au-dessus de Gressan.

Cela fait 100 ans, jour pour jour, que les chroniques des journaux s'intéressaient à cette ancienne et glorieuse tradition: 

Procession de la Cathédrale à l’Ermitage de saint Grat Le Prophète-Roi, au fort de l’épreuve, levait ses yeux vers les montagnes, et le secours lui venait d’en haut. (Levavi oculos meos in montes...) De son côté, le peuple de la cité d’Aoste et des environs, de temps à autre, surtout au moment de la détresse, se porte aussi vers la montagne bénie, où mille et mille fois déjà le Très-Haut a fait éclater ses miséricordes à la prière de nos saints Pontifes: je veux dire l’Ermitage de saint Grat. C’est vers ce sanctuaire privilégié, qu’a été dirigée, mercredi dernier, la procession de la ville sous la conduite du Clergé de la Cathédrale. Arrivés à la magnifique chapelle de saint Grat, la même où le saint protecteur du diocèse, ainsi que ses pieux successeurs, tant de fois se recueillaient en silence pour communiquer seul à seul avec Dieu, nos pèlerins eurent l’avantage d’assister à une messe solennelle et d’entendre de la bouche du R. Chanoine-Curé Dujany une allocution très instructive et toute pleine d’à propos. A 2 heures, vêpres chantées suivies du salut du T.-S. Sacrement et puis départ et retour en bon ordre. Tant à la montée qu’à la descente, le Chef vénéré de saint Grat a été porté par un des RR. Chanoines de la Cathédrale. On n’a, en général, qu’ à applaudir au recueillement, à la bonne tenue et à la piété des membres des confrériés et des fidèles intervenus à cette procession. (d’après Le Duché d’Aoste du 26 juillet 1899).



Voici donc quelques témoignages qui attestent comment naguère toute la population d'Aoste était concernée par l'organisation de sa fête patronale. Une tradition qui aujourd'hui ne vit qu'à travers la messe traditionnelle et la procession qui s'ensuit dans les rues de la ville avec la châsse des reliques du saint. Bien peu de choses si on les compare à ce qui se passait autrefois. A Aoste c'est bien une grande fête patronale qui fait défaut! Qu'est-ce qui nous empêcherait aujourd'hui de faire revivre ces moments qui ont suscité un tel enthousiasme chez nos aïeuls ?





Share by: